Le 29 septembre 2014 paraissait sur le site d’informations «evrazia.org» un article d’Alexandre Douguine intitulé «Géopolitique de la Novorossie: Sauver Poutine». Nous préférons que notre travail porte sur des textes qui ne soient pas consacrés à l’actualité, celle-ci est analysée de façon pertinente et intéressante sur de nombreux blogs dont ceux que vous pouvez visiter à partir des liens au bas de cette page. Toutefois, nous considérons que les réflexions présentées ci-dessous permettent de mettre en situation certains éléments clefs du conservatisme russe, leur place ici étant dès lors pleinement justifiée. Voici donc un extrait de l’article précité.
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Si Poutine avait envoyé l’armée en Novorossie, sa victoire eut été irréversible. Brzezinski a admis plus d’une fois que si les russes optaient pour un scénario armé intégral en Ukraine, ni les États-Unis, ni l’Otan ne pourraient résister. Mais logiquement, une telle mesure devait être suivie par une rotation des élites, une modification essentielle de la politique économique et le renforcement du principe patriotique en Russie même. De plus, après un tel déploiement, il ne pourrait plus exister d’alternative à l’orientation de Moscou concernant la construction d’un monde multipolaire. C’est-à-dire que le poids de la question est tel qu’il ne porte pas tant sur contrôle de l’Ukraine que, si vous voulez, sur la lutte pour l’avenir de l’humanité entière.
Constatant l’hésitation du leader russe, les partisans de la Russie et d’un monde multipolaire, on commencé à agir avec plus de circonspection; sur eux aussi, les États-Unis exercent des pressions. Plusieurs mouvements de rotation des dirigeants de la République Populaire de Donetsk et de la République Populaire de Lougansk ont abouti à l’écartement du noyau révolutionnaire de Novorossie et à leur remplacement par des gens dociles et vendus aux fonctionnaires, prêts à négocier avec tout le monde, tant Moscou que Kiev ou les oligarques locaux. La révolution russe en Novorossie sera durement réprimée par les forces de la réaction.
En Russie s’amplifie la campagne contre Strelkov et les autres patriotes propoutiniens. Certains règlent les comptes sur le plan idéologique, d’autres s’activent dans les relations publiques, et d’autres exécutent des missions, d’autres enfin profitent de la situation pour faire de la concurrence en politique et en affaires.
Le but de toutes ces manipulations consiste à monter les patriotes contre Poutine lui-même ; Washington et ses instruments structurels (CIA, Council on foreign Relations, etc.) s’efforcent de présenter le Président de la Russie comme étant à la source des persécutions. Et quand on regarde tout ce tableau dans son ensemble, on ne voit qu’une chose : Poutine essayant de préserver la souveraineté de la Russie, répondant avec fermeté aux défis lancés à la souveraineté, avec les patriotes qui le soutiennent activement, et que l’on présente comme des «nationalistes», des «fascistes», des «impérialistes», opposés au «progrès et aux minorités sexuelles». Pour les lecteurs occidentaux, travaillés par les médias ultralibéraux, l’interdiction de la gay-pride, c’est un crime pire que ceux d’Auschwitz. Dans les conditions postmodernes, toutes les proportions sont transgressées. Les choses insignifiantes sont gonflées jusqu’à atteindre le ciel, la véritable tragédie et les crimes sont passés sous silences et disparaissent des écrans ; ils cessent donc d’exister.
Bref, la CIA et le CfR et tous les réseaux américains s’efforcent d’atteindre ceci :
- Le «vidage», le largage de la Novorossie, renforçant la consolidation mise en œuvre par l’Occident, «qui a su arrêter l’impérialisme poutinien» et qui remettra en question l’union retrouvée avec la Crimée,
- La trahison par Moscou du Donbass et de ses dirigeants révolutionnaires détournant vers la Russie la colère et la déception, a provoqué un flot de millions de réfugiés, et représente une agression envers la conscience de la moitié prorusse des habitants de ce qui fut l’Ukraine.
- La chasse aux patriotes en Russie même les pousse dans le camp de l’opposition pour laquelle ils sont tout aussi indispensables que l’air que l’on respire, car seule une majorité russe pourrait élever l’opposition libérale jusqu’à la taille nécessaire pour rendre dangereux le mouvement de protestations.
C’est pourquoi, le «vidage», le largage de la Novorossie, c’est la condition nécessaire et indispensable au renversement de Poutine et à l’organisation d’un maïdan russe. Il s’agit bel et bien du principal plan de Washington.
Notre stratégie
La déception à l’égard de Poutine commence à se faire connaître. Plus personne ne se hasarde à répéter les idioties à propos d’un «plan rusé», ou encore «il sait ce qu’il fait». Il en va de tout autre chose : du succès de la « sixième colonne », de l’approche du renversement de Poutine et de la création des conditions favorable à l’opération. Sur l’internet, j’ai aperçu cet outil de démotivation : la photo d’une réunion patriotique, où une vieille femme mal habillée tenait un panneau sur lequel était écrit maladroitement : «On a trompé les Russes», et en dessous, «Merci, capitaine Évidence». Voilà une constatation peu réjouissante. Mais, malheureusement, c’est la nouvelle croyance. On nous trompé, on nous trompe et on s’apprête à le faire encore et toujours.
Le renversement de Poutine, préparé par les États-Unis et en Russie par les traîtres nationaux, voilà encore une tromperie envers les Russes. Et nous nous apprêtons tous à y prendre part. Car enfin, soutenir Poutine dans ses hésitations, …ce n’est pas la meilleure voie, …c’est aussi contradictoire, …c’est également, si on veut, une forme de tromperie. Ceux qui ont poussé Poutine dans cette situation avaient précisément réfléchi à ce résultat : le soutenir entièrement, dans toutes démarches, et, surtout, dans son inertie, serait, dans un certain sens, irresponsable.
Le peuple soutenait le tsar en 1917. Il a agit correctement. Mais à quoi cela pouvait-il mener si le tsar n’accomplissait pas les pas nécessaires et sûrs pour le salut de la Patrie ? Évidemment, ce qui se passait, il le voyait plus clairement que le peuple, notre tsar, notre dernier tsar, et il eut la possibilité d’y réfléchir plus calmement encore à Ekaterinbourg, la veille de son exécution, il comprenait alors mieux que personne. En fait, dans la situation actuelle, il ne faut pas exclure la possibilité d’une révolte de palais, et de l’assassinat de Poutine : la «sixième colonne» est très proche de lui, et sa véritable garde, ses partisans dans le peuple, sont très loin ; on les a éloignés, exilés et diffamés à ses yeux. Rien de personnel : c’est juste l’histoire russe. Souvent un même motif s’y répète.
Mais nous, partisans convaincus de Poutine, que pouvons-nous faire dans une telle situation ? Je pense que nous devons prendre le risque et miser sur Poutine, contre tous ses ennemis, lointains ou proches. Il ne nous donnera aucun ordre, aucun signe, occupé qu’il sera à autre chose, ou encore induit en erreur, hypnotisé par la «sixième colonne», présentant les choses sous un jour tout différent.
Il faut constituer une nouvelle force patriotique propoutine, pour la Novorossie, pour la Russie, pour la Grande Union Eurasienne. Pas parce qu’on en aurait reçu l’ordre, mais suite à l’appel du cœur. Non en l’attente de remerciements et d’honneurs, mais pour attaquer directement l’ennemi, le mal, la mort et ses réseaux. Pour Poutine !
Dieu est avec nous, (nous qui sommes de Russie) entendez peuples, et soumettez-vous, car Dieu est avec nous.