Theory

La mondialisation et le libéralisme sont sur le point de s'effondrer - mais qui et quoi ensuite?

Le libéralisme et la mondialisation ont définitivement échoué. La situation me rappelle les dernières années de l'URSS. À cette époque, le vrai pouvoir était encore totalement entre les mains du Parti communiste qui contrôlait presque tout, mais en même temps tout le système était terminé. Et n’importe qui pouvait le ressentir.
Aujourd'hui, nous nous trouvons exactement dans la même situation avec la domination mondiale des élites libérales. Ils contrôlent toujours tout, mais c'est déjà fini. Ils disparaîtront aussi rapidement que le communisme en Europe de l'Est. La mobilisation anti-populiste (anti-Poutine, anti-Assad, anti-Chine, anti-Brexit, anti-Iran, anti-Salvini, etc.) de Bernard-Henri Lévy, Macron, Soros, Rothschild ou Clinton démontre de leur part un état d'agonie pure. C'est fini pour eux.
Ils ne peuvent plus gouverner. Ils sont condamnés. Ils persisteront et pourront gagner un peu de temps avant l'effondrement final et irréversible, mais leurs jours sont comptés.

COMPTE RENDU ANALYTIQUE « FONDEMENTS DE GÉOPOLITIQUE : LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

La théorie géopolitique de Dougine, novatrice selon son auteur, puise pourtant ses sources dans l’histoire intellectuelle européenne et russe du 19ème et du 20ème siècle. Il convient de souligner que la géopolitique russe ne s’est pas fondée sur les sciences politiques, géographiques ou stratégiques mais sur l’histoire et principalement la philosophie 5 d’où la prédominance dans l’ouvrage d’Alexandre Dougine et bien d’autres, de concepts tels que les « facteurs de civilisations » (présents chez Danilevski et plus tard chez Spengler dans « Le Déclin de l’Occident » ). 

LE TROISIEME TOTALITARISME

En science politique, le concept de totalitarisme est appliqué aux idéologies communiste et fasciste, qui proclament ouvertement la supériorité du tout (la classe et la société dans le communisme et le socialisme ; l’Etat, dans le fascisme ; la race, dans le national-socialisme) sur le privé (l’individu).

Ils s’opposent à l’idéologie libérale, pour laquelle, au contraire, le privé (l’individu) est placé au-dessus du tout (comme si ce tout ne pouvait pas être compris en tant que tel). Le libéralisme combat alors le totalitarisme en général, incluant celui du communisme et du fascisme. Mais en faisant cela, le terme même de « totalitarisme » révèle ses liens avec l’idéologie libérale, et ni les communistes ni les fascistes n’accepteront le terme. Ainsi, quiconque utilise le mot « totalitaire » est un libéral, qu’il en ait conscience ou non.

La Quatrième Théorie Politique et le postlibéralisme

La troisième théorie politique est le fascisme. C’est le nom générique des mouvements politiques et des idéologies d’extrême-droite et des formes correspondantes du règne de type dictatorial dont les signes caractéristiques sont le nationalisme militariste, l’anticommunisme et l’antilibéralisme, la xénophobie, le revanchisme, le chauvinisme, les cultes mystiques du chef, le mépris pour la démocratie électorale et le libéralisme, la croyance au règne des élites et à la hiérarchie sociale naturelle, l’étatisme, le racisme, et le génocide.
Le fascisme apparut plus tard que les autres grandes théories politiques et disparut avant elles. L’alliance entre la première théorie politique et la seconde théorie politique et les erreurs de calcul géopolitiques d’Hitler étouffèrent la troisième théorie dans l’œuf. La troisième théorie politique mourut de mort violente et ne connut pas la vieillesse ou le déclin naturel, contrairement à l’Union Soviétique.

Nous et les autres

La culture de chaque peuple menant son existence dans le cadre d’un État doit inclure en tant qu’élément propre des idées et théories politiques. Ainsi, l’accusation selon laquelle l’eurasisme professerait l’indifférence politique, l’indifférence aux questions politiques, est fondée sur un malentendu. Mais l’erreur n’est pas moindre, même si on la rencontre souvent, que d’identifier l’eurasisme avec l’un ou l’autre ancien courant d’idées politiques. L’eurasisme réfute l’autorité sans appel de la culture européenne. Et comme il est admis de lier au concept de culture européenne la notion de « progressisme », beaucoup pensent que l’eurasisme est un courant réactionnaire. L’eurasisme pose l’exigence d’une culture nationale et déclare sans appel que la culture nationale russe est impensable sans l’orthodoxie. Cette association, bien entendu, évoque à nouveau chez de nombreuses personnes le souvenir de la fameuse expression « autocratie, orthodoxie, nationalisme» et elle en sort encore renforcée la conviction selon laquelle l’eurasisme serait une forme nouvelle de la vieille idéologie réactionnaire russe. Succombent à cette illusion non seulement ceux de gauche, mais aussi beaucoup à droite, qui s’empressent de déclarer que l’eurasisme est des leurs. Il s’agit d’un profond malentendu. L’expression « autocratie, orthodoxie, nationalisme1» prend une signification particulière sur les lèvres des tenants de la droite russe. A strictement parler, toute la formule pourrait être librement signifiée par le seul mot autocratie. 

La théorie de l’Etat eurasien, Essai sur Nikolaï Nikolaiévitch Alekseiev

C’est aussi dans le contexte de cette attitude de base qu’agit Alexeiev, partageant complètement les idées eurasistes radicales, qui parmi toutes les tendances de la Révolution Conservatrice étaient les plus conséquentes, les plus complètes, les plus cohérentes et les plus convaincantes. Si la Russie-Eurasie doit accomplir sa mission civilisatrice particulière et l’incarner dans la réalité, cela requiert une doctrine toute prête couvrant tous les domaines publics, idéologiques, économiques et sociaux. Nikolaï Alekseiev se lança à lui-même le défi de créer la théorie de l’Etat eurasiste (ou Etat garant, selon sa terminologie). Et dans ce sens son rôle est presque identique à la position du génial juriste allemand Carl Schmitt [5], qui fit face à un problème analogue dans un contexte national différent.

Alekseiev est le Schmitt russe – et en poussant l’analogie on peut affirmer que sans
la philosophie eurasiste de la loi de Nikolaï Alekseiev, il ne pourrait y avoir aucune représentation rigoureuse de l’eurasisme, tout comme il serait impossible de parler de la Révolution Conservatrice allemande en passant sous silence l’une de ses figures centrales – la figure de Carl Schmitt.

Le Conservatisme comme rejet de la logique de l’Histoire.

Il existe néanmoins une possibilité ontologique de dire « non ». Ici commence le conservatisme.

Premièrement qu’est-ce que le conservatisme ? C’est un « non » adressé à ce quiest autour. Et au nom de quoi ? Au nom de ce qui était avant. A proprement parler au nom de ce qui a été dépassé au cours de l’histoire sociopolitique. Le conservatisme est le fait d’occuper une position scientifique, culturelle, religieuse, morale, individuelle, sociopolitique, philosophique, ontologique qui nie le cours de l’histoire auquel nous faisons face maintenant et que nous avons identifié et décrit auparavant.

Civilisation souveraine et élimination du césarisme

Selon la terminologie d’Antonio Gramsci, le régime prévalant dans la Russie d’aujourd’hui est très précisément déterminé par le concept de « césarisme ». Voici ce que Gramsci entend par là.

Il décrit le système capitaliste mondial au moyen de trois niveaux, économique (la base), politique et intellectuel (tous deux relevant de la superstructure). L’économie, c’est le marché. La politique, ce sont les partis bourgeois, de droite et de gauche. L’intellectualisme représente les porteurs de l’hégémonie, c’est-à-dire du discours destiné à renforcer les normes, les principes, les protocoles et les codes bourgeois. Selon Gramsci, l’hégémonie est autonome, tant vis-à-vis de l’économie que de la politique. Les intellectuels qui rendent possible l’établissement de l’hégémonie capitaliste peuvent exister même dans une société au marché immature et dépourvue de partis bourgeois stables.Les porteurs de l’hégémonie font allégeance au capital en tant que principe, en tant qu’idée. Ces intellectuels concluent un pacte avec le capital. L’hégémonie s’établit d’abord au niveau de la conscience, et seulement après dans la politique et l’économie. De même, Lénine, misant sur la politique, dépassa les réelles réformes bourgeoises de la base économique de l’Empire russe. L’hégémonie s’installe grâce aux intellectuels, à leur discours, leurs stratégies en matière de médias, d’éducation, d’expertise, et en matière sociale.En vertu de la disparité entre l’établissement de l’hégémonie et l’ordre capitaliste dans le monde, note Gramsci, survient souvent la situation suivante : quand dans l’un ou l’autre pays le développement capitaliste est incomplet (en retard sur le capitalisme global), un meneur politique de tendance autoritaire arrive au pouvoir et construit sa politique sur un balancement entre hégémonie (capitalisme) et idéaux et procédures nationalistes précapitalistes. Il qualifie cela de césarisme.Le dirigeant de type césariste est forcé de naviguer entre les exigences de libéralisation politique, économique et sociale, et la préservation de l’intégrité du pouvoir, appuyé sur un groupe qui lui est personnellement dévoué, se dissimulant derrière « des valeurs traditionnelles et conservatrices ».

Savitski. Eurasie Terre du Milieu.

Le terme idéocratie, qui unit toute forme de gouvernement non-démocratique, non-libéral, est fondé sur des motivations non-matérialistes et non-utilitaristes. En outre, Savitski évite consciemment de préciser ce concept, qui peut se réaliser dans le concile théocratique, la monarchie populaire, la dictature nationaliste et dans le gouvernement d’un parti du type soviétique. Une telle largesse conceptuelle correspond à l’horizon purement géopolitique de l’eurasisme qui englobe d’immenses espaces historiques et géographiques. C’est la tentative d’exprimer le plus précisément la volonté intuitive du continent. Évidemment, l’idéocratie s’oppose directement à l’approche dominante dans les théories de Mackinder, de Mahan et de Spykman. Ainsi, les eurasistes russes menèrent à leur parfaite clarté les termes dans lesquels s’exprimait la confrontation historique entre Mer et Terre. La Mer est la démocratie libérale, le système commercial, le pragmatisme. La Terre c’est l’idéocratie (dans toutes ses modalités, le gouvernement de la hiérarchie, la domination de l’idéal religieux.

La vision de l’idéocratie de Savitski est en résonance avec les idées du sociologue et économiste allemand Werner Sombart, qui catégorise tous les modèles et types sociaux selon deux classes générales : les héros et les commerçants. Dans le domaine géopolitique, les termes héros et héroïsme se dépouillent de leur sens métaphorique et pathétique et deviennent des appellations techniques désignant des spécificités juridiques et éthiques du gouvernement idéocratique.

Sur les Identitaires, la Tradition et la révolution globale

Je considère que les Identitaires sont des alliés quand ils refusent la modernité, l’oligarchie globale et le capitalisme libéral mortifère pour les cultures ethniques et les traditions.

L’ordre politique moderne est essentiellement global et est purement basé sur l’identité individuelle. C’est le pire ordre possible et il doit être totalement détruit.

Quand les Identitaires militent pour une réaffirmation de la Tradition et des anciennes cultures des peuples européens, ils ont raison. Mais quand ils attaquent les immigrés, les musulmans ou les nationalistes des autres pays (sur la base de conflits historiques), quand ils défendent les États-Unis, l’atlantisme, le libéralisme ou la modernité, quand ils considèrent la race blanche (qui est celle qui a produit la modernité) comme la race supérieure et affirment que les autres races sont inférieures, je suis en total désaccord avec eux.

Plus que cela, je ne peux défendre les Blancs contre les non-Blancs pour la seule raison que je suis un Blanc et un Indo-Européen moi-même. Je reconnais la différence des autres groupes ethniques comme une chose naturelle et je refuse toute hiérarchie entre les peuples parce qu’il n’existe pas, et qu’il ne peut pas exister, de mesure universelle pour comparer les sociétés ethniques et les systèmes de valeur.

À propos de l’eurasisme chretien-orthodoxe

Les termes « eurasisme orthodoxe » sont de plus en plus fréquemment utilisés par la junte putschiste au pouvoir à Kiev pour qualifier la vision du monde de la République de Novorossia. Même s’il est clair que cet élément de langage a été conçu à Washington, il est cependant, à mes yeux, tout à fait exact.

Presque tous les eurasistes historiques étaient des patriotes russes orthodoxes. Contrairement aux slavophiles et à Leontiev cependant, ils étaient sceptiques quant à la possibilité d’unir tous les Slaves du fait qu’ils estimaient que les différences culturelles, religieuses et historiques entre eux étaient plus importantes que leur proximité ethno-linguistique. Dans le même temps, ils soulignaient que la civilisation russe avait intégré dans une unité de destin un certain nombre de peuples non-slaves (Turcs, Caucasiens, peuples de Sibérie) en contact géographique avec nous.

LES HYPOTHèSES sur NOVOROSSIA

1. la construction rapide d'une Ukraine prospère et son entrée dans l'Union européenne et l'OTAN est exclue.

2. la mise en place d'un régime politique stable en Ukraine est exclue.
3. la préservation de l'intégrité territoriale de l'Ukraine est exclue.
4. trouver un compromis entre les autorités actuelles à Kiev et à Moscou est exclu.
5. la subordination de toute l'Ukraine à Kiev est exclue. 
6. commencer une guerre mondiale impliquant les États-Unis et les pays de l'OTAN est exclu.
7. l'entrée des troupes russes vers l'Europe est exclue.
8. le retour en arrière de la Russie en Crimée est exclu.

 

EURASISME : UNE ARME DE GUERRE CONTRE LE MONDIALISME

Comme prévu, la « Troisième Voie » n’a jamais existé dans le réel. La révolution populaire de Maïdan, qui partait d’une contestation légitime (dégager le mafieux Ianoukovitch) a été subvertie très rapidement par toute la clique orangiste (pro-UE) qui s’y préparait depuis longtemps. Tous les chapitres de cette pièce bien connue se sont déroulés comme au théâtre : les drapeaux européens, la romance des barricades, les snipers, Bernard-Henri-Lévy, les méchants « titushkis » (en Syrie, c’étaient « les shabihas ») et finalement la fuite du président déchu et le gouvernement de transition composé de ronds-de-cuirs occidentalisés et présélectionnés. Iatseniouk prônant « l’Open Society » (société ouverte) chère à l’activiste orangiste et milliardaire américain George Soros. La formation d’une « garde nationale » et ses uniformes américains, comme en Libye. La stigmatisation des éléments réellement révolutionnaires du Maïdan (« les extrémistes ») et la « nuit des longs couteaux » (assassinat de Shashko Biliy par la police du nouveau régime). Focalisation de la colère vers la « menace russe » extérieure. L’appel de solidarité aux nationalistes d’Europe, pour rejouer encore une fois le Front de l’Est, la Croatie ou la Géorgie face aux « russo-bolcheviks ». La formation d’une brigade de volontaires internationaux (par Gaston Besson, vétéran de Croatie et de Birmanie). Tout s’est passé comme nous l’avions prévu, au détail près.

Europe-marché ou Europe-puissance

Obsédés par l’économie, les « pères fondateurs » des Communautés européennes ont volontairement laissé la culture de côté. Leur projet d’origine visait à fondre les nations dans des espaces d’action d’un genre nouveau dans une optique fonctionnaliste. Pour Jean Monnet et ses amis, il s’agissait de parvenir à une mutuelle intrication des économies nationales d’un niveau tel que l’union politique deviendrait nécessaire, car elle s’avèrerait moins coûteuse que la désunion. N’oublions pas d’ailleurs que le premier nom de « l’Europe » fut celui de « Marché commun ». Cet économisme initial a bien entendu favorisé la dérive libérale des institutions, ainsi que la lecture essentiellement économique des politiques publiques qui sera faite à Bruxelles. Loin de préparer l’avènement d’une Europe politique, l’hypertrophie de l’économie a rapidement entraîné la dépolitisation, la consécration du pouvoir des experts, ainsi que la mise en œuvre de stratégies technocratiques.

L'Eurasisme selon Alexandre Douguine

La fin du XXème siècle se caractérise par la victoire totale, massive, de la « première théorie politique », le libéralisme, qui a vaincu définitivement les deux autres, le fascisme, en 1945, et le marxisme, en 1989. N’ayant plus d’adversaire capable de soutenir théoriquement et pratiquement la contradiction, et porté par sa logique destructrice, qui le mène à transcender toutes les limites, il tend, à partir de son noyau, les Etats-Unis d’Amérique, à se répandre sur toute la planète, éradiquant les racines des peuples et leur identité. De fait, il se nie lui-même, en abolissant son substrat idéologique, l’humanisme issu de la Renaissance, dont l’incarnation est l’individu. La postmodernité est en effet, après la fin des grands récits, la gestion des choses de l’économie, et le ravalement de l’homme et du réel au rang d’objet démontable et recomposable. A ce cauchemar, s’oppose le conservatisme, dans le sens que lui donnait en partie la Révolution conservatrice, concept que Douguine approfondit comme incrustation, dans l’ordre humain, de l’éternité, qui s'oppose au mythe du progrès et au « nomadisme de l'asphalte ».

Pour un Eurasisme européen

Le conflit ukrainien nous donne l'occasion de souligner à nouveau que pour répondre à l'eurasisme douguinien - comme base théorique pour une Quatrième philosophie politique - et sortir de la Nuit du Libéralisme triomphant (post-libéralisme), il faut lui répondre sur le même plan, sur un plan eurasiste, il faut nous emparer de la grille de lecture, de la méthodologie et de la question eurasiste, la formuler, théoriser un eurasisme français, dissident, un eurasisme pour la Middle Europa, car si, craintifs, conservateurs, nous voyons l'eurasisme uniquement comme une réminiscence de l'impérialisme russo-soviétique, que nous aidons à réactiver le modèle du monde bipolaire de la Guerre froide à travers une reformulation de l'opposition nécessaire au bon fonctionnement du mondialisme qui se résume à l’affrontement extrême - antiradical et antitraditionnel - communisme/national-socialisme, et que nous réduisons donc la voie eurasiste, la Quatrième théorie politique, à un néo-communisme ou un national-bolchévisme 2.0, comme complexe post-impérial et réflexe impérialiste russe, nous travaillons pour les mondialistes, reconstruisons avec eux l'ennemi idéalement nécessaire pour maintenir le statu quo, l'hégémonie du monde unipolaire/bipolaire (Multilatéralisme ?), et c'est ce que l'eurasisme sera, ou ce à quoi il servira.

Apres la chute et la renaissance du Tragique

Nous pouvons remplacer le substantif « la chute » par d’autres expressions qui possèdent des significations plus chargées, telles que « la fin des temps », la « décadence » ou le « chaos» – ou bien « la fin d’un monde», faute de dire « la fin du monde ». Ces mots et ces expressions me viennent à l’esprit, suivis par de nombreuses images liées à nos identités actuelles ou futures.

J’espère que personne ici ne prétend être un futurologue. Avec le recul, la plupart des futurologues ont été démentis dans leurs pronostics. Rappelons le récent effondrement de l’Union soviétique, phénomène que pas un seul soviétologue américain ou européen n’a pu prévoir.

Ma thèse principale est que les prophéties concernant la chute ne sont aucunement nouvelles. Depuis des temps immémoriaux, nous avons été témoins des histoires, des contes et des mythes qui présageaient le déclin ou la fin des temps. La grande majorité des penseurs et des auteurs européens, de l’Antiquité à la postmodernité, ont abordé dans leurs écrits la notion de la fin des temps et ses conséquences.

 

De la Quatrième théorie politique

 Pour aborder l'élaboration de cette Quatrième théorie politique, il est nécessaire :

- de modifier l’interprétation de l'histoire politique des derniers siècles en adoptant des nouveaux points de vues, au-delà des cadres des clichés idéologiques habituels des vieilles idéologies ;

- de se rendre compte de la structure profonde de la société globale apparaissant sous nos yeux ;

-de déchiffrer correctement le paradigme de l'époque post-moderne ;
- d'apprendre à s'opposer non pas à une idée politique, à un programme ou à une stratégie, mais à l'état des choses "objectif", au tissu social apolitique même de la (post-)société fracturée ;

-enfin, de bâtir un modèle politique autonome proposant une voie et un projet dans un monde d'impasses et du recyclage à l'infini de l'existant (la post-histoire, selon J. Baufrilard). » Alexandre Douguine - « La Quatrième théorie politique : La Russie et les idées politiques du XXIième siècle » - préface - p. 12

« La 4e théorie politique, celle dont le XXIe siècle a de toute évidence besoin, sera-t-elle une doctrine radicalement nouvelle ou fera-t-elle la synthèse de ce qu’il y avait de meilleur dans celles qui l’ont précédée ? C’est en tout cas à l’ébauche de cette théorie que ce que l’on appelé la « Nouvelle Droite » n’a cessé, depuis plus de quarante ans, de s’employer. » Alain de Benoist

Les structures anthropologiques de l'imaginaire chez les Celtes et les Germains.

 Disciple de Gaston Bachelard, Gilbert Durand propose une véritable "métaphysique de l'imaginaire", non plus fondée, comme celle d'Aristote ou de Descartes, sur la raison ou la logique, mais sur cette "liberté imaginaire", créatrice des structures fondamentales de l'être humain.

A travers ses multiples ouvrages, Gilbert Durand montre comment la pensée occidentale a constamment rabaissé, voire nié, la fonction d'imagination chez l'homme, la taxant de "folle du logis" ou de "maîtresse d'erreur et de fausseté" et ce, au profit de la raison. Encore aujourd'hui, pour la plupart des penseurs occidentaux, l'imaginaire est conçu comme un mode "primitif" de connaissance.

L'imaginaire est pour Gilbert Durand l'indicateur général de la science de l'homme, l'étalon or de l'hominisation. "C'est par lui que commence l'homme. Chez l'animal, les images primitives définissent et permettent l'équilibre de l'espèce. Mais, chez l'homme, ça se complexifie et ça éclate: les archétypes humains sont des réceptacles d'images possibles. Ils se dessinent en creux, et ces creux sont prêts à recevoir des images plus ou moins spécifiées par les cultures, les moments historiques, etc..." (G. Durand, "Le cordonnier de l'imaginaire", Le Point n°634, novembre 1984, page 187.)

 

Dix thèses sur la fin prochaine de la droite et de la gauche

Le progrès se définit comme la mise en œuvre coordonnée de ces trois leviers, d’où la notion de mouvement. La gauche se situait du côté du parti du mouvement, c’est-à-dire du changement de la société, face à la droite qui voulait conserver l’état et les traditions existants.

Cette modernité remonte au XVIIe siècle en Europe et à la crise intellectuelle qui a suivi la Renaissance et les Guerres de religion. Auparavant tout le monde était « droit », en effet, et par conséquent restait fidèle aux principes d’organisation traditionnelle de la société. Les gens « gauches » allaient, eux, en prison ou sur le bûcher puisqu’ils apparaissaient comme des hérétiques, des criminels ou des asociaux.Aujourd’hui triomphent en Occident l’esprit des Lumières, celui du néo-capitalisme et l’implosion individualiste des sociétés.

En termes politiques cela signifie que la gauche a gagné en imposant ses idées, qui forment la base du politiquement correct aujourd’hui et en transformant – c’est-à-dire en renversant – la société conformément à ses dogmes.

 

L’eurasisme selon Alexandre Douguine

Douguine est un acteur engagé dans la Russie post-soviétique. Il nous donne, de première main, des informations sur le rapport des forces, notamment entre une oligarchie en majorité vendue aux Anglo-Saxons et un peuple attaché aux valeurs patriotique. Il nous éclaire sur le débat qui est la source des hésitation de Vladimir Poutine et du pouvoir actuel, entre l’État-nation, qui aurait sa place dans la « communauté internationale » (un piège, selon Douguine), et l’idée d’eurasisme (l’Empire). Rappelons que l’Empire n’a rien à voir avec celui de Napoléon ou le Reich allemand, qui étaient des nationalismes. Il est plutôt une « combinaison des différences en une unité », unité incarnée par des valeurs suprêmes (il n’est pas question de « fusion »). Douguine dresse un bilan de l’histoire récente de la Russie, et arrête son étude en 2008, lors de la réponse cinglante des forces russes à la tentative de la Géorgie de Saakachvili de perpétrer un génocide en Ossétie. La Russie semble surmonter le traumatisme eltsinien, et avancer dans la vie impériale. Sans doute les événements syriens vont-ils dans le même sens.

Le Mouvement Eurasia

Nous sommes entrés au 21ème siècle dans un monde de confrontations, un monde complexe et contradictoire, dans lequel nous ne voyons pas la fin de l’histoire, mais la fin des modèles traditionnels d’interprétation. La confusion que nous sentons ne concerne pas seulement les Russes, mais les peuples du monde entier, bien au-delà de nos frontières. Nous sentons nettement depuis longtemps un manque de vision-du-monde, de philosophie. Avant tout processus historique, avant tout événement, parfois obscur, terrible et douloureux – par exemple une guerre – les peuples ne peuvent trouver aucune base solide pour l’espoir ; car cette base peut venir seulement de la compréhension de ce qui est en train de se passer. 

Le temps Lyapunov

Par exemple, trois personnes sont en train de boire. Jusqu’à un certain moment, leur comportement est très prévisible : ils discutent de connaissances, d’amis, de problèmes personnels, de sport, de femmes, de politique. Progressivement, à mesure que le niveau d’ivresse s’accroît, des « bruits » (c’est ainsi que la physique moderne nomme les interférences secondaires dans le flux du processus) commence à s’insinuer dans la conversation. Ces « bruits » peuvent s’exprimer par ce que certains passages sont répétés plusieurs fois par les gens ivres, les conditions psychologiques deviennent tendues, des arguments et des conflits surgissent, l’atmosphère générale se tend. A un certain moment, les conditions atteignent le point de divergence (c’est un terme-clé dans la « théorie de la catastrophe » du physicien bien connu René Tom). Cela signifie que la logique de comportement du trio ivre dans son ensemble et de chacun de ses membres séparément, peut arbitrairement prendre une trajectoire parmi deux de probabilité égale. Par exemple, deux d’entre eux vont dormir, et le troisième rentre à la maison. Ou l’un en attaque un autre à coups de poings, pendant que le troisième tente de les calmer. Ou tous les trois vont dans la rue et se bagarrent avec des passants pour des broutilles. Ou tous se séparent tranquillement et rentrent dans leur famille avec une conscience coupable.

L'Eurasie au dessus de tout

Dans notre société russe [Rossiski, faisant référence à la citoyenneté de la Fédération Russe, NDT] – particulièrement dans la sphère sociale et politique – au début du nouveau millénaire, une déficience d’idée se fait douloureusement sentir. La majorité des gens – y compris les gouverneurs, les politiciens, les scientifiques, les travailleurs – sont guidés dans leur vie et dans leurs choix politiques par un ensemble de facteurs momentanés, de préoccupations fortuites, d’appels éphémères et transitoires. Nous perdons rapidement toute représentation générale concernant le sens de la vie, la logique de l’histoire, les problèmes de l’homme, le destin du monde. Les choix existentiels et sociaux ont été remplacés par la publicité agressive. A la place d’une idéologie politique responsable et signifiante il y a quelques public relations efficaces (ou inefficaces). Le résultat du combat des idées est décidé par le volume des investissements en publicité. Les dramatiques chocs entre les peuples, les cultures et les religions sont transformés en spectacles inspirés par les sociétés multinationales et les trusts pétroliers. Le sang humain, la vie humaine, l’esprit humain sont devenus des abstractions statistiques, au mieux des objets de consommation – des figures de rhétorique démagogiques avec des lamentations humanitaires mielleuses et ambiguës dissimulant un double jeu.

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