La Russie, l’Occident et l’Allemagne

La Russie est l’allié naturel d’une Europe libre et indépendante. Il n’y a donc pas d’autres options. Bien sûr, l’Europe actuelle n’envisage pas cette option, car elle est systématiquement refoulée par le fan-club transatlantique des égéries des Pussy Riots. Mais cela pourrait bien vite changer. Qui imaginait, au début de l’été 1989, que le Mur de Berlin allait tomber en automne? Une poignée d’esprits lucides que l’établissement considérait comme fous ou dangereux.

 

La Russie aux temps postmodernes

Pragmatique partant d’un constat accablant, le fondateur du Mouvement international eurasien se demande : «Comment faire de la politique quand il n’y a pas de politique ? Il n’existe qu’une seule solution : refuser les théories politiques classiques, tant vaincues que triomphantes, et faire preuve d’imagination, saisir les réalités du nouveau monde global, déchiffrer correctement les défis du monde postmoderne et créer quelque chose de nouveau, au-delà des affrontements politiques des XIXe et XXe siècles (p. 12). » Prenant par conséquent acte de la victoire de la pensée libérale qu’il appelle “ Première théorie ” et des échecs du communisme, « Deuxième théorie », et du « fascisme » (au sens très large du mot), « Troisième théorie », Alexandre Douguine esquisse une « Quatrième théorie politique » « non pas comme un travail ou une saga d’auteur, mais comme la direction d’un large spectre d’idées, d’études, d’analyses, de prévisions et de projets. Tout individu pensant dans cette optique peut y apporter quelque chose de soi (p. 13) ».

 

La Rythmique de L’Être dans la Quatrième Théorie Politique

Il est urgent de rappeler le passé et le futur au service du présent, nous disait à peu de choses près Friedrich Nietzsche dans l’une de ses fameuses Considérations Intempestives. 

Il est notoire de dire qu’il y avait en Nietzsche un rejet catégorique de la postmodernité. Nietzche qui, plus que tout autre, voyait celle-ci poindre à l’horizon avec son cortège de crises à une époque où elle se tortillait encore en son aube. Mais il est plus important de relever chez lui un questionnement profond et d’une gravité difficile à déceler en ce qui concerne l’Etre. 

La capacité première du philosophe, la plus rare et remarquable –encore plus que sa capacité à se servir du logos- est, par le concept, celle de la maitrise du temps voire de l’affranchissement temporel : arriver à comprendre une époque par une autre, anticiper le mouvement de l’histoire en en assimilant le rythme et les préoccupations. En philosophie, la dialectique comme mouvement de la réflexion n’a le temps ni comme outil ni comme étalon, mais l’Histoire qui elle n’est pas de nature temporelle mais se mesure en degré d’accomplissements humains. On tient donc ici une autre définition de L’Histoire qui ne se quantifie pas et ne se mets pas sur l’axe du temps. 

Le retour des Grands Temps (Jean Parvulesco in memoriam)

Le retour des Grands Temps (Jean Parvulesco in memoriam).  

La conference d'Alexandre Douguine à Paris (23.11.2012).

Partie 1. La Revolution Spirituelle.

Quatre types des hommes (les progressistes, les conservateurs, les masses, les nôtres).

L'abîme.

La liberté fatale.

Partie 2. L'Eglise d'Orient et l'Eglise d'Occident.

L'heritage imperial commun (IV-IX siècles).

L'utopie des conservateurs et slavophiles russes - le Tsar russe sur l'Europe catholique/orthodoxe (Tutchev/Soloviev). 

Le Mouvement Eurasia

Nous sommes entrés au 21ème siècle dans un monde de confrontations, un monde complexe et contradictoire, dans lequel nous ne voyons pas la fin de l’histoire, mais la fin des modèles traditionnels d’interprétation. La confusion que nous sentons ne concerne pas seulement les Russes, mais les peuples du monde entier, bien au-delà de nos frontières. Nous sentons nettement depuis longtemps un manque de vision-du-monde, de philosophie. Avant tout processus historique, avant tout événement, parfois obscur, terrible et douloureux – par exemple une guerre – les peuples ne peuvent trouver aucune base solide pour l’espoir ; car cette base peut venir seulement de la compréhension de ce qui est en train de se passer. 

Le paradigme de la fin

L’analyse des civilisations, de leurs corrélations, de leurs confrontations, de leur développement, de leur interdépendance, est un problème si difficile que selon les méthodes, selon la profondeur de la recherche, on peut obtenir des résultats non seulement différents, mais directement contraires. Par conséquent, même pour obtenir les conclusions les plus approximatives, on doit appliquer une réduction pour réduire la variété des critères à un seul modèle simplifié. Le marxisme préfère la seule approche économique, qui devient un substitut et un dénominateur commun pour toutes les autres disciplines. Ainsi procède aussi le libéralisme (bien que moins explicitement).

Nous allons vous guérir avec du poison

Traditionnellement, il y a une mauvaise attitude envers le serpent. C’est un terme injurieux. En mémoire de la tentation d’Eve au Paradis, les reptiles sont privés de pattes et rampent sur leur ventre, sur le sol humide et nu. Le serpent a incorporé Satan. Le mauvais esprit galope à travers le cimetière sur son cheval sans pattes et couvert d’écailles, pendant la nuit, effrayant les vampires et les lapins dormant derrière les buissons. Etant venimeux, froid et souple, le serpent attire peu de sympathie. Marx prit la taupe comme symbole du capitalisme. Comme une taupe aveugle, le capitalisme creuse des trous sombres dans les cœurs des petites gens, parcourant les labyrinthes vampiriques, amenant des bénéfices croissants pour la plus méprisable minorité et des souffrances innombrables pour la plus stupide majorité. Gilles Deleuze a remarqué à juste titre que le capitalisme moderne a changé de symbole. La taupe habituelle a épuisé ses possibilités. Ses sales trous ont tellement grêlé le pauvre sol que la réalité est devenue un tamis à l’échelle mondiale, d’où les habitants de ce coté-ci du grand mur font des grimaces. L’Ere de la Taupe est terminée.

Le temps Lyapunov

Par exemple, trois personnes sont en train de boire. Jusqu’à un certain moment, leur comportement est très prévisible : ils discutent de connaissances, d’amis, de problèmes personnels, de sport, de femmes, de politique. Progressivement, à mesure que le niveau d’ivresse s’accroît, des « bruits » (c’est ainsi que la physique moderne nomme les interférences secondaires dans le flux du processus) commence à s’insinuer dans la conversation. Ces « bruits » peuvent s’exprimer par ce que certains passages sont répétés plusieurs fois par les gens ivres, les conditions psychologiques deviennent tendues, des arguments et des conflits surgissent, l’atmosphère générale se tend. A un certain moment, les conditions atteignent le point de divergence (c’est un terme-clé dans la « théorie de la catastrophe » du physicien bien connu René Tom). Cela signifie que la logique de comportement du trio ivre dans son ensemble et de chacun de ses membres séparément, peut arbitrairement prendre une trajectoire parmi deux de probabilité égale. Par exemple, deux d’entre eux vont dormir, et le troisième rentre à la maison. Ou l’un en attaque un autre à coups de poings, pendant que le troisième tente de les calmer. Ou tous les trois vont dans la rue et se bagarrent avec des passants pour des broutilles. Ou tous se séparent tranquillement et rentrent dans leur famille avec une conscience coupable.

L'Eurasie au dessus de tout

Dans notre société russe [Rossiski, faisant référence à la citoyenneté de la Fédération Russe, NDT] – particulièrement dans la sphère sociale et politique – au début du nouveau millénaire, une déficience d’idée se fait douloureusement sentir. La majorité des gens – y compris les gouverneurs, les politiciens, les scientifiques, les travailleurs – sont guidés dans leur vie et dans leurs choix politiques par un ensemble de facteurs momentanés, de préoccupations fortuites, d’appels éphémères et transitoires. Nous perdons rapidement toute représentation générale concernant le sens de la vie, la logique de l’histoire, les problèmes de l’homme, le destin du monde. Les choix existentiels et sociaux ont été remplacés par la publicité agressive. A la place d’une idéologie politique responsable et signifiante il y a quelques public relations efficaces (ou inefficaces). Le résultat du combat des idées est décidé par le volume des investissements en publicité. Les dramatiques chocs entre les peuples, les cultures et les religions sont transformés en spectacles inspirés par les sociétés multinationales et les trusts pétroliers. Le sang humain, la vie humaine, l’esprit humain sont devenus des abstractions statistiques, au mieux des objets de consommation – des figures de rhétorique démagogiques avec des lamentations humanitaires mielleuses et ambiguës dissimulant un double jeu.

La théorie de l'Etat eurasien, Essai sur Nikolaï Nikolaiévitch Alekseiev

Le nom de Nikolaï Nikolaiévitch Alekseiev n’est pas toujours mentionné dans la liste des principales figures eurasistes. C’est une erreur ennuyeuse, contrastant fortement avec la dimension et la profondeur de ce penseur, avec l’importance de ses travaux et concepts pour toute la vision-du-monde eurasiste. Les noms de Karsavin (un penseur assez ordinaire) ou de Suvchinsky (qui dans l’ensemble est plus important pour son appui financier au mouvement que pour ses écrits médiocres) apparaissent en tête de la liste eurasiste, alors qu’Alekseiev vient plus bas, étant parfois simplement oublié. En réalité, il peut être inclus à juste titre dans le trio des auteurs eurasistes les plus intéressants, les plus originaux et les plus profonds.

Le secret de l’eurasie, la clef de l’histoire cachee et des evenements mondiaux

Les sociétés secrètes et les confréries occultes ont-elles été actives derrière la scène des événements mondiaux depuis des milliers d’années ? Ces gardiens de la sagesse secrète déterminent-ils les progrès de la conscience humaine et influencent-ils le destin des nations ? Des maîtres cachés de la connaissance occulte animent-ils et infiltrent-ils certains mouvements politiques, culturels, spirituels et économiques, selon un plan ancien ? Se pourrait-il que les grandes avancées, guerres, et révolutions, de l’homme, ainsi que ses découvertes marquantes dans la science, la littérature, la philosophie et les arts, soient le résultat d’une « main cachée » ? Pouvons-nous décoder l’Histoire et trouver la mystérieuse interface entre la politique et l’occultisme, découvrant ainsi les véritables animateurs et agitateurs de notre monde moderne ?

Premiers signes de l'apocalypse

Ce qui est arrivé aux USA le 11 septembre 2001 ouvre une nouvelle page dans l’histoire du monde. Comme cela fut le cas avec le coup de feu de Gavrilo Princip à Sarajevo, ou l’intervention des troupes nazies en Tchécoslovaquie, ici l’humanité quitte à nouveau la route, qui il y a peu de temps semblait si droite.

Aujourd’hui, comme jamais auparavant, il est important de comprendre ce qui s’est passé exactement.

En mettant de coté l’aspect humanitaire, il est nécessaire de comprendre la nature réelle des choses. Nous nous sommes réveillés dans un monde complètement différent.

La Terre verte - l'Amérique

Les hypothèses sur la découverte de l’Amérique par le Vieux Monde longtemps avant le voyage de Christophe Colomb deviennent de plus en plus populaires aujourd’hui. Il est presque prouvé que les Vikings scandinaves visitèrent l’Amérique du Nord sur leurs navires – des inscriptions runiques se trouvent partout sur la côte orientale du Canada, au Labrador, sur l’île de Terre-Neuve, etc. Il y a des théories assez argumentées du chercheur Jacques de Mahieu concernant les contacts entre la civilisation inca et ces mêmes Vikings. Il existe en outre d’autres versions affirmant que l’Europe aurait toujours connu l’existence du continent américain, et que cette information n’aurait pas été divulguée seulement pour des raisons bien précises d’ordre sacré. Mais le plus grand intérêt sous ce rapport est représenté par l’histoire énigmatique de la carte de Muhiddin Piri Reis, sur laquelle nous nous arrêterons plus en détail.

Parvulesco, Douguine et l'empire eurasiatique

Dans son journal-roman Le Sentier perdu, publié en 2010, entre les analyses politiques sur l'Inde,Sept ans au Tibet de Jean-Jacques Annaud, les Mémoires de Leni Riefensthal, le canular antimaçonnique Diana Vaughan ou sa dernière rencontre avec Ava Gardner, à Barcelone, en 1963 ("Ava, couverte de sueur, les cheveux dans les yeux, dépoitraillée, les lèvres peintes d'un rouge foncé, presque noir, les yeux scintillants comme deux diamants aux feux sombres, paraissait en proie à une excitation fiévreuse"), Jean Parvulesco, écrivain d'extrême avant-garde, cite in extenso l'article de Reinhardt Jünger-Meinert sur une émission de Radio Moscou d'Alexandre Douguine consacrée, justement, à Jean Parvulesco lui-même et sa géopolitique grand-européenne. Lecture essentielle pour la compréhension du concept d'empire eurasiatique, en 1997 (il y a 14 ans !) .

Avez-vous lu Douguine ?

La question de la temporalité est évidemment cruciale, lorsqu’il s’agit de penser. Il arrive que des œuvres pourrissent en mûrissant. Je relisais dernièrement quelques bouquins d’Alexandre Zinoviev, et je m’étonnais qu’ils fussent si anachroniques, si peu en phase avec ce qu’était devenu le monde depuis 1989, et, faut-il le dire, si illisibles. Les discours sur la réalité, si l’on dissipe les fumets de la mode et des emballements du moment, pâtissent cruellement de la dérive des choses, fût-elle minime. Soudain, c’est une fissure, parfois un abîme, qui les séparent de l’expérience collective ou individuelle, et ils deviennent alors des bavardages, des vapeurs.

Quel est donc le défaut heuristique des écrits de Zinoviev, de tous les dissidents qui s’opposaient à l’empire soviétique, et, plus généralement, de ceux qui étaient plongés dans cette gigantomachie mondiale, mettant en prise les tenants des première et deuxième théories, selon la classification métapolitique d’Alexandre Douguine, c’est-à-dire le libéralisme et le marxisme ? Comment des vérités de l’heure, bien qu’elles ne soient pas devenues pour autant des mensonges, constituent-elles néanmoins des erreurs épistémologiques ?

Le Japon est mort (sauf en nos cœurs)

Lorsque les premières poteries Jômon virent le jour, la civilisation de Mû existait déjà depuis quelques milliers d’années. La pyramide sous-marine de Yunaguni est aujourd’hui un des plus merveilleux témoins de cette civilisation, laquelle s’épanouit pleinement durant l’Age d’Argent, c’est-à-dire au moment même où le Cro-Magnon s’installait en Europe. Tout le décalage historique entre l’Est et l’Ouest provient de ce que le Paradis primordial (le Pôle Nord) est resté ancré dans l’imaginaire nippon durant beaucoup plus longtemps qu’à l’ouest de l’Oural, où la Chute fut plus durement ressentie du fait de la disparition brutale du Néandertalien. Alors que la Chine et l’Inde résultent d’un mélange racial entre, d’une part certaines colonies atlantes indo-européennes (Tokhariens pour la première et Aryens pour la seconde), et d’autre part certaines colonies lémuriennes issues du plateau du Sahul (peuples yue pour la première et australo-dravidiens pour la seconde), le Japon est le seul pays à ne jamais avoir connu d’atlantes sur son sol. Ainsi, c’est un mélange entre Hyperboréens (Jômons, Aïnus) et Lémuriens (royaume de Ryûkyû, Kyûshû) qui donna à ce pays sa spécificité radicale, et notamment cette permanence du nomadisme métaphysique.

Panorama de la "Révolution Conservatrice" en Russie

Mais les précurseurs les plus directs de la RC russe sont les slavophiles du XIXième siècle. Ce courant a fortement influencé toute la vie intellectuelle russe au cours de ces deux derniers siècles. Mais, contrairement à ce qu'on pense trop souvent, le courant slavophile n'a pas toujours été uniquement conservateur, patriarcal, archaïsant et réactionnaire. Comme presque toujours dans l'histoire russe ‹et j'oserais même dire dans presque toute l'histoire de la pensée contre-révolutionnaire‹ les intellectuels les plus radicaux de la Droite ont subi une évolution très particulière avant de devenir radicalement con-servateurs: ils ont très souvent commencé leur trajectoire par le pôle opposé, par le modernisme, le pro-gressisme et l'idéal révolutionnaire. Les premiers slavophiles ‹ceux dits de la première génération,  comme A. Chomyakov, P. Kirievsky et les frères Aksakov, etc., sont tous passés par les idées de la ré-volution française. Mais ils ont perdu les illusions de leur jeunesse et ont exalté les valeurs radicalement anti-révolutionnaires, celles du sol, celles du peuple compris cette fois comme unité organique, qualita-tive, historique, celles de l'identité spirituelle et géopolitique de la Russie, celles de l'identité religieuse et impériale de cet immense pays. 

Alain de Benoîst sur La Quatrième Theorie Politique (Moscou 2008)

La Quatrième Théorie Politique ?

C'est un concept qui englobe le refus des théories libérales, démocratiques, capitalistes, globalistes et (post) modernistes. Pour Douguine les théories anti-libérales de jadis (fascisme et socialisme) ne font plus le poids. Il faut, dès lors, retenir de ces dernières leurs côtés positifs, l'anti-libéralisme et l'anti-capitalime certes, mais aussi la justice, la solidarité sociale, et rejeter le matérialisme athée, moraliste et individualiste.
De même, rejet de tout racisme, xénophobie et chauvinisme national. Il n'y a pas de supériorité d'une race sur une autre. Les ethnies, les races sont différentes et s'expriment d'une manière qui l'est autant. L'humanité est pareille à un orchestre symphonique avec des cordes, des bois, des percussions, des cuivres etc... qui tous, depuis leurs pupitres concourent à l'harmonie de l'ensemble.

EURASISME - Alternative à l'hégémonie libérale

En effet, le projet Eurasiste vise à constituer une alternative sérieuse à l'hégémonie libérale et au monde unipolaire qu'elle entend imposer. Alexandre Douguine y défend une conception multipolaire du monde, c'est-à-dire le monde comme ensemble de grands espaces possédant leurs systèmes de valeurs particuliers. Dans son dernier livre La Quatrième Théorie Politique, il insiste aussi sur la nécessité de se dégager des idéologies politiques des deux derniers siècles et notamment des deux idéologies, communiste et fasciste, qui ont échoué dans leur lutte contre le libéralisme parce qu'abritant des éléments inacceptables et étant elles-mêmes trop enracinées dans la modernité.

La parole d'Alexandre Douguine est donc un hymne à la vraie diversité, à la vraie différence, celle s'appuyant sur un Etre Multiple et authentique et non pas sur les différentiels construits par un Marché fantasmant la construction de l'Etre Unique. Elle est également un appel à la créativité et à l'intelligence. En effet, la Quatrième Théorie politique n'est pas un dogme, c'est une invitation à imaginer quelque chose de complètement nouveau, à créer une théorie politique qui soit résolument anti-moderne et donc anti-libérale sans pour autant qu'elle se réfère aux idéologies du passé ni qu'elle s'inscrive dans des luttes obsolètes.

L’eurasisme, dans sa version originelle, insiste sur la pluralité des cultures

L’approche eurasiste consiste dans la pluralité des civilisations, une pluralité librement ressentie. Beaucoup de gens se rendent compte qu’une société ne ressemble pas à une autre, qu’un peuple ne ressemble pas à un autre. C’est une chose presque évidente. Mais du point de vue de l’eurasisme, ces différences sont une bonne chose. Autrement dit, nous avons une approche structuraliste, nous suivons ici Levi-Strauss, et nous pensons que tout système ethnique, toute culture crée son langage, son modèle de valeurs, son modèle social qui correspondent à son chemin historique et à ses particularités. Et ses modèles ne peuvent pas être comparées entre eux, ils n’ont pas de mesure commune, ils sont incommensurables. On ne peut pas le mesurer, car il n’y a pas de critère pour cela. En passant d’un contexte à un autre, la conscience, y compris la conscience politique et sociale se modifie tellement que les points de repère du groupe de référence disparaissent, puisque ces structures de langage sont autosuffisantes, partiellement ouvertes, mais on ne peut pas faire de lien, de transfert, de traduction directe.

Ca, c’est le premier point. Maintenant le second. Nous considérons, contrairement au racisme occidental qui considère les stades du développement progressif, nous considérons que la culture occidentale est raciste, entièrement, et en particulier la culture libérale-démocratique, car elle considère les différences comme un mouvement progressif, c’est-à-dire il y a quelqu’un qui est plus en retard et quelqu’un l’est moins, donc en appliquant une logique de progrès, on en arrive à la conclusion qu’il y a des sociétés plus développées et d’autres moins développées. Donc les sociétés moins développées sont tout de suite privées du droit de défendre leur vérité, elles sont considérées immatures, sous-développées, exclues, dans un certain sens, et même lorsqu’on veut les développer, c’est à travers la modernisation, donc on leur impose un pattern qui leur est étranger.

L’Atlantisme est un totalitarisme

L’Atlantisme est l’idéologie dominante des sociétés européennes actuelles, celle qui aura sans doute le plus d’influence sur le devenir de nos destinées communes et pourtant elle est de ces idéologies presque cachées dont on ne parle ouvertement que dans le cercle restreint du monde alternatif. Sont Atlantistes tous les collaborateurs européens de la vision hégémonique des États-Unis et de son idéologie propre qui répond au doux nom d’impérialisme. Autrement dit, l’Atlantisme est l’idéologie des exécutants serviles de l’idéologie impériale américaine ; elle lui est subordonnée et ne tire de sa soumission que les miettes de l’empire tombées à terre après le festin des empereurs.

C’est une idéologie mineure dans l’idéologie majeure. Elle est à la fois honteuse et conquérante : honteuse parce qu’elle ne joue jamais que les seconds rôles ; conquérante, parce qu’elle emprunte à son maître d’outre-atlantique ses visions hégémoniques délirantes et toutes ses caractéristiques totalitaires. C’est un totalitarisme dans le totalitarisme, une domination de dominés, un impérialisme de serfs et d’esclaves passés maîtres dans l’art de se soumettre. Parler de l’Atlantisme européen c’est parler du projet impérial américain et réciproquement. La seule chose qui les distingue est leur place dans la hiérarchie totalitaire : le premier n’est que l’émanation du second, ne se définit que par lui, se contente de l’imiter et lui obéit en tout ; il n’est, en revanche, son égal en rien.

Le projet de la Grande Europe (Une ébauche géopolitique pour un monde multipolaire à venir)

1. Suite au déclin et à la disparition du Bloc socialiste en Europe de l’Est à la fin du siècle dernier, une nouvelle vision géopolitique du monde basée sur une nouvelle approche est devenue une nécessité. Mais l’inertie de la pensée politique et le manque d’imagination historique chez les élites politiques de l’Occident victorieux a conduit à une option simpliste : les bases conceptuelles de la démocratie occidentale, une société d’économie de marché, et la domination stratégique des États-Unis à l’échelle mondiale sont devenues les seules solutions à tous les défis émergents et le modèle universel qui devrait être impérativement accepté par toute l’humanité. 

2. Cette nouvelle réalité émerge devant nos yeux – la réalité d’un monde organisé entièrement par le paradigme américain. Un think-tank néoconservateur influent des États-Unis modernes s’y réfère ouvertement par un terme plus approprié – ‘l’Empire global’ (parfois ‘l’Empire bienveillant’ – R. Kagan). Cet Empire est unipolaire et concentrique dans sa nature profonde. Au centre, il y a le ‘Nord riche’, la communauté atlantique. Tout le reste du monde, – la zone des pays sous-développés ou en développement, considérée comme périphérique, – est censé suivre la même direction et le même cours que les pays du cœur de l’Occident bien avant eux.

Poutine fait tout ce qu’il faut faire (entretien avec Douguine - Zuerst)

Voyez-vous, ce que croit l’Occident aujourd’hui, c’est qu’un jour toutes les démocraties libérales abandonneront leur souveraineté et se fonderont dans une sorte de “super-nation” sous l’hégémonie américaine. Telle est bien l’idée centrale de la globalisation à l’oeuvre aujourd’hui. Ce projet est irréalisable avec un Vladimir Poutine car il s’y oppose et défend la souveraineté russe. Ensuite, il ne reconnaît pas la prétention américaine à exercer cette hégémonie en toute exclusivité. C’est là qu’il faut chercher la vraie raison des attaques acharnées que commet l’Occident contre lui et de sa diabolisation. C’est aussi la raison pour laquelle l’Occident soutient de manière aussi spectaculaire l’opposition russe: il s’agit d’acquérir de l’influence et de consolider l’hégémonie occidentale.

Q.: D’après vous donc, Poutine fait tout ce qu’il faut faire...

AD: Bien sûr que non. Il a commis des erreurs, notamment lors des dernières élections pour le Parlement. Elles n’ont pas été aussi transparentes qu’elles auraient dû l’être.

Si vous êtes favorable à l'hégémonie libérale globale, vous êtes l'Adversaire

Le concept de nation est un concept capitaliste, occidental. Pour sa part, l'Eurasianisme, au contraire du nationalisme, met en valeur les différences culturelles et ethniques, et non pas une unification basée sur l'individu. Nous nous différencions du nationalisme parce que nous défendons un pluralisme des valeurs. Nous défendons des idées, pas notre communauté ou notre société. Nous contestons la postmodernité, mais pas seulement pour le compte de la nation russe. La postmodernité est un gouffre béant. La Russie entre seulement pour partie dans cette lutte globale. Elle en est certainement un élément important, mais pas le but ultime. Nous considérons ne pas pouvoir sauver la Russie sans sauver le monde en même temps. Et de même, nous ne pouvons pas sauver le monde sans sauver la Russie.

Ce n'est pas seulement une lutte contre l'universalisme occidental. C'est une lutte contre tous les universalismes, même les islamiques. Nous rejetons toute volonté d'imposer un universalisme, qu'il soit occidental, islamique, socialiste, libéral ou russe. Nous ne défendons pas l'impérialisme ou le revanchisme russe, mais plutôt une vision globale et une multipolarité basées sur la dialectique civilisationnelle. Ceux auxquels nous nous opposons disent que la multiplicité des civilisations conduit nécessairement à l'affrontement. C'est une affirmation fausse. La mondialisation et l'hégémonie américaine provoquent des ingérences sanglantes et déclenchent des flambées de violence chez des civilisations entre lesquelles pourrait exister, en fonction des circonstances historiques, la paix, le dialogue ou l'antagonisme. Mais imposer une domination sous-jacente implique le conflit et conduit inévitablement au pire dans l'avenir. Ainsi, ils parlent de paix mais ils font la guerre. Nous, nous défendons la justice – pas la paix ni la guerre, mais la justice et le dialogue et le droit naturel de tout ensemble culturel de préserver son identité et de contrôler son destin. Nous devons nous libérer de ces prétendus universalismes.

L'Europe jusqu'à Vladivostok

L’histoire connaît les cités-états : Thèbes, Sparte, Athènes, plus tard Venise, Florence, Milan, Gênes.
Aujourd’hui elle connaît les Etats territoriaux : la France, l’Espagne, l’Angleterre, la Russie.
Finalement elle découvre les Etats continentaux, tels que les Etats-Unis d’Amérique, la Chine actuelle et l’URSS d’hier. 
L’Europe d’aujourd’hui subit une période de transformations.
Elle doit passer du stade plus ou moins stable des Etats territoriaux au stade de l’Etat continental.
Pour la majorité des gens, cette transition est entravée par l’inertie mentale, sans parler de la paresse de l’esprit.

Bien que n’étant pas plus grande qu’un morceau de tissu, Sparte avait une forte vitalité, d’un point de vue historique, vivant avant tout dans son aspect militaire. Ses dimensions et ses ressources étaient suffisantes pour contenir une armée capable de gagner le respect de tous ses voisins.

Nous approchons ici le problème basique de la vitalité des Etats. La cité-état historique fut supplantée par l’Etat territorial. L’Empire romain supplanta Athènes, Sparte, Thèbes. Et sans grand effort .

De la quatrième théorie Politique

Une critique de l'étatisme ne revient pas une validation intégrale du libéralisme. Je pense qu’aujourd’hui la critique de l'étatisme doit s'axer sur sa soumission à la Banque et aux marchés. Son républicanisme "royal". Son incapacité d'être un état par l'effet du mauvais fédéralisme de l'UE.

-"une certaine tendance girondine et décentralisatrice":
il m'est difficile de résumer:"qu'est ce qu'une politique girondine?". En ce une politique modérée - du juste milieu grec pas de la tiédeur bobo - l'idée d'étendre le message de la révolution, privilégiant l'entrisme politique à la guillotine.  
-"la critique de la logique du capital": c'est pas ce qui manque, de Marx à Soral, D’Orwell à Michéa, de Clouscard à Michel Drac...
-"le sens du commun": en ce, le bien commun ne se décrète pas. Le premier chantier pour retrouver le bien commun est de le diffèrencier de son inversion qu'est l’intérêt générale. La confusion de ces deux notions est récurrente chez l'homme moderne qui au final confond social et sociétale.
-"le holisme": 
"Holisme (du grec ancien holos signifiant « la totalité, l'entier ») est un néologisme forgé en 1926 par l'homme d'État sud-africain Jan Christiaan Smuts pour son ouvrage "Holism and Evolution". Selon son auteur, le holisme est : « la tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l'évolution créatrice ». Le holisme se définit donc globalement par la pensée qui tend à expliquer les parties à partir du tout. De ce fait, la pensée holiste se trouve en opposition à la pensée indivisualiste qui tend à expliquer le tout à partir des parties." (Source:wikipédia)
pour repenser le bien commun.

Contre le monde postmoderne

Le monde actuel est unipolaire avec l’Occident globalisé en son centre et les États-Unis en son cœur.

Cette unipolarité a des aspects géopolitiques et idéologiques. Géopolitiquement, c’est ladomination stratégique de la Terre par l’hyper-puissance nord-américaine et l’effort de Washington pour organiser l’équilibre des forces sur la planète dans un sens qui lui donne la capacité d’imposer des règles au monde entier selon ses propres intérêts nationaux (impériaux). Cela est mauvais parce que cela prive les autres États et nations de leur vraie souveraineté.

Quand seule une instance décide de qui est bon et qui est mauvais et qui devrait être puni, nous avons à faire à une sorte de dictature globale. Je suis convaincu que ce n’est pas acceptable. Nous devrions lutter contre cela. Si quelqu’un nous prive de notre liberté, nous devons réagir. Et nous le ferons. L’Empire américain devrait être détruit. Et sur un point, il le sera.

Idéologiquement, l’unipolarité est basée sur les valeurs Modernes et Postmodernes, qui sont ouvertement anti-traditionnelles. Je partage la vision de René Guénon et Julius Evola qui ont considéré la Modernité et ses bases idéologiques (l’individualisme, la démocratie libérale, le capitalisme, le consumérisme, etc.) comme les causes de la catastrophe à venir de l’humanité, et d’autre part la domination globale du style occidental comme la raison de la dégradation finale de la Terre. L’Occident approche de sa fin et nous ne devrions pas le laisser entraîner tout le reste dans l’abime.

Douguine et la quatrième théorie politique

Le monde que, petit à petit, insidieusement, nos penseurs et dirigeants nous préparent sera un monde uniforme, dominé par une pensée matérialiste, athée et individualiste.

Ce sera un monde où une seule grande puissance, un Empire, exercera son hégémonie dans tous les secteurs : politique avec sa démocratie et le suffrage universel, économique avec sa conception libérale des échanges, mondialiste dans sa dimension, un Empire qui, à l'instar des colonialistes de jadis, imposera ses concepts mentaux sous des vocables engageants mais trompeurs, « droits de l'homme », « démocratie », « égalité des sexes et des genres » etc...

Cette uni- polarité se veut basée sur des valeurs « modernes », soit le consumérisme, l'individualisme, le capitalisme qui toutes rompant avec les traditions nationales sont génératrices des cataclysmes passés (les deux guerres mondiales) et futurs. René Guénon, à l'instar des hindouïstes parle du « Kali Yuga » (âge de fer) pour définir notre époque.

La quatrième dimension

Le libéralisme, lui, semble être le grand vainqueur de la compétition. Ce sont en tout cas ses principes, portés par l’idéologie des droits de l’homme, qui dominent au sein de la Nouvelle Classe planétaire et restent aujourd’hui les plus diffusés dans le cadre de la mondialisation. Aucune doctrine n’est intégralement fausse. Elle contient toujours des éléments de vérité. Faisons-en un panorama (plus que) rapide. A retenir du libéralisme : l’idée de liberté, associée à celle de responsabilité, le refus des déterminismes par trop rigides, la notion d’autonomie, la critique de l’étatisme, une certaine tendance girondine et décentralisatrice. A rejeter : l’individualisme possessif, la conception anthropologique d’un producteur-consommateur recherchant son meilleur intérêt du fait de ce qu’Adam Smith appelait son « penchant à trafiquer », c’est-à-dire de sa propension à l’échange, l’idéologie du progrès, l’esprit bourgeois, le primat des valeurs utilitaires et marchandes, le paradigme du marché, le capitalisme enfin. A retenir du socialisme : sa critique de la logique du capital, qu’il a été le premier à analyser dans toutes ses dimensions économiques et extra-économiques, le sens du commun et l’exigence de le renouveler, l’idée que la société se définit comme un tout (le holisme, fondateur de la sociologie), la volonté d’émancipation, la notion de solidarité, l’idée de justice sociale. A rejeter : l’historicisme, l’étatisme, la tendance à l’égalitarisme et à l’hypermoralisme doloriste. A retenir du fascisme : l’affirmation de la spécificité et de l’identité des peuples et des cultures nationales, le goût des valeurs héroïques, le lien entre l’éthique et l’esthétique. A rejeter : la métaphysique de la subjectivité, le nationalisme, le darwinisme social, le racisme, l’ordre moral, l’anti-féminisme primaire, le culte du chef, et encore l’étatisme.

L'intervention d'Alexandre Douguine a Bruxelle (2006)

Quant a la Russie il est un peu naïf de croire que notre économie fonctionne bien. Il manque chez nous le secteur réel et le développement des technologies nouvelles. La Russie a besoin de l'Europe comme l'Europe a besoin de la Russie pour avoir des économies mutuelles garanties par les ressources nécessaires et l'accès aux technologies nouvelles. Pour les Européens, les grandes inquiétudes du futur sont le plausible leadership économique Chinois et l'explosion démographique des populations musulmanes, notamment à l'intérieur de l'Europe. Comment estimez vous compatible / incompatible ces deux éléments ? Il apparaît que le sujet de l'Islam, ou celui des "relations" avec la Chine par exemple n'est pas abordé de la même façon en Europe et en Russie. On a les mêmes soucis géopolitiques. Mais on doit commencer par hiérarchiser les dangers. Premièrement il faut se débarrasser des américains et de la dictature de la pensée unique, et seulement après s'occuper des chinois et de musulmans. Ils faut proposer aux musulmans le modèle de l'intégration dans la culture européenne mais pour cela il faut garder – parfois sauver – cette culture-la. Les chinois sont très sympathiques quand ils vivent en Chine. Mais pour régler cette affaire de contrôle des vagues migratoires il est de nouveau – nécessaire de se débarrasser des mondialistes, libéraux et des atlantistes. Ce cercle vicieux ne peut être brisé qu'en commençant par la lutte antiaméricaine. Les musulmans et les chinois sont des défis secondaires. C'est pareil que cela soit pour l'Europe et pour la Russie.

Entretien avec Jean Parvulesco (2005)

Né en Roumanie, ayant fait l'école des cadets, Jean Parvulesco décide de fuir le régime communiste roumain après la Deuxième guerre mondiale et se rend en Yougoslavie en traversant le Danube à la nage en juillet 1948. Arrêté, expédié dans un camp politique de travaux forcés près de Tuzla, il s'en échappe pour rejoindre clandestinement l'Autriche en août 1949. L'ancien dissident roumain arrive à Paris en 1950, il suivra alors des cours de philosophie et de lettres à la Sorbonne sans s'y consacrer sérieusement, préférant fréquenter les cercles d'avant-garde littéraire, artistique et cinématographique. Il a été en relation avec des auteurs aussi divers que Martin Heidegger, Ezra Pound, Julius Evola, Marguerite Duras, Pierre Boutang, Alain de Benoist, Michel d'Urance, Michel Marmin,Mircea Eliade, Dominique de Roux, etc.

MISSION EURASIENNE

L’Eurasie a été traversée d’Ouest en Est et vice-versa par de nombreuses nations et civilisations. Les ancêtres de l’Europe moderne traversaient les déserts asiatiques à l’époque où la Chine, l’Inde et la Perse fleurissaient grâce à une philosophie et une technologie avancées ainsi que dans des modes de vie élevés.

Chaque culture a son développement historique propre, différent pour chacune.

Ce que nous qualifions “d’absurde” aujourd’hui pourrait être compris comme “progressiste” demain. De la même manière qu’il peut avoir de la valeur, dès aujourd’hui, pour d’autres personnes. Ce que nous considérons comme un truisme absolu pourrait être un véritable culte pour d’autres nations. Il n’y a aucune façon d’idéaliser les événements actuels, étant donné que le monde et par conséquent ses valeurs, changent. Nous devons toujours vérifier nos jugements avec, en tête, l’Histoire du monde. L’Eurasie est un critère essentiel de notre jugement. Nous devons étudier le mode de pensée de l’Eurasie pour comprendre l’Ouest et l’Est, le progrès et la tradition, la stabilité et la flexibilité ainsi que les religions dans le passé et le futur.

Les missions européennes et grandes-continentales de la Russie

 

Dans les milieux géopolitiques du gaullisme, j'entends à l'intérieur de ses fort confidentiels groupes géopolitiques, dont l'action, quoi qu'on en dise, continue dans l'ombre, on est plus que jamais convaincu de la nécessité vitale, ontologique, d'une grande politique continentale franco-allemande.

Car, tout en se tenant très en retrait par rapport aux engagements que le mouvement gaulliste officiel a contracté, actuellement, en France, à travers l'expérience gouvernementale poursuivie par Edouard Balladur et Charles Pasqua, les groupes géopolitiques n'en surveillent pas moins attentivement l'évolution de plus en plus inquiètante de la situation politique générale en Europe.

Or, pour le gaullisme de la fin, pour le gaullisme en voie d'accomplissement final, qui seul est nôtre, plus la politique européenne se trouve en difficulté, par rapport à elle-même aussi bien que sur ses fronts d'affirmation extérieure, planétaire, plus il faut que le rapprochement franco-allemand s'intensifie, et qu'à la limite il finisse même par se résoudre en une intégration fédérale décisive, allant jusqu'à l'identification totale. Une identification finale destinée à changer, comme par réverbération sismique, de l'intérieur et irréversiblement, l'ensemble de la situation politique continentale.

 

Guerre intercontinentale de la Fin

Avec l'effondrement du Mur de Berlin en 1989, le cycle politico-his­to­rique de l'"après-guerre", commencé en 1945, venant de prendre fin, un bref interrègne a-historique s'en était ensuivi, pendant lequel l'histoire mondiale s'en était trouvée comme provisoirement sus­pendue dans sa marche en avant. Interrègne qui prend fin, aujour­d'hui, avec les débuts de l'ère des conflagrations intercontinentales planétaires entamée par l'actuelle agression anti-européenne directe des Etats-Unis dans le Sud-Est de notre continent. En effet, la guerre anti-européenne —en fait, anti-grand-continentale—  menée, actuel­le­ment, par les Etats-Unis, au Sud-Est de l'Europe, contre la Serbie, re­présente le commencement  —l'enclenchement politico-militaire di­rect, et tout à fait à découvert—  du grand cycle des conflagrations in­ter­continentales planétaires qui, dans les prochaines années à venir, vont devoir opposer l'unité impériale européenne grand-continentale à l'entreprise impérialiste d'hégémonie planétaire totale poursuivie, de­puis 1945, par les Etats-Unis, ou plutôt par ce que Bill Clinton vient d'appeler, déjà, la « Superpuissance Planétaire », agissant au servi­ce de l'idéologie démocratique mondialiste des "droits de l'homme" (en réalité, l'idéologie subversive fondamentale de l'Anti-Empire, de l’« Em­pire du non-être »).

Reconnaître le Pôle indien du Grand Continent Eurasiatique

Nos thèses géopolitiques sont désormais parfaitement connues, qui ouvrent le concept de la plue Grande Europe franco-allemande —le Pôle Carolingien— aux espaces eurasiatiques décisionnels de la Grande Sibérie et du "Projet Continental Grande-Sibérie" (PCGS), du Japon et de l'Inde, à la perspective révolutionnaire totale de ce que nous avons nous-mêmes su appeler l'Empire Eurasiatique de la Fin. A l'heure présente, l'axe fondamental de la politique eurasiatique franco-allemande apparait comme étant oriénté —et d'une manière particulièrement accentuée avec le retour du gaullisme au pouvoir— vers l'Inde, et partant, vers les nouvelles relations spéciales, aussi actives que profondes, en train de s'établir —souterrainement encore, mais comment faire autrement en temps de déréliction— entre la France gaulliste et l'Inde en marche vers l'émergence à terme rapproché de son nouveau Réveil National, voire de son Eveil Final. J'entends des relations spéciales destinées à forger en avant un autre destin du Grand Continent Eurasiatique, un autre destin de future politique planétaire impériale de celui-ci, et dont notre génération se doit à l'heure actuelle d'assumer héroïquement la nomination tragique et toutes les charges révolutionnaires de terrain. Car, devant faire face nuptialement au Pôle Carolingien, il est né, à présent, le Pôle Indien, réminiscence de l'Anabase initiatique de notre Alexandre le Grand, et de la haute lumière aryenne et védique d'avant l'obscurcissement de l'être en nous, et il se développe, inexorablement, au cœur même du mystère vivant de l'histoire mondiale à sa fin.

Pages